Le jury des Romdhane awards évalue les feuilletons ramadanesques
Leila Bourogaa, journaliste au journal Le Maghreb, spécialisée dans les affaires culturelles, L’acteur Hichem Rostom, le réalisateur et metteur en scène Slim Sanhaji et le réalisateur Amine Boukhris, membres du jury des Romdhane awards, ont tenté, ce vendredi, de faire une évaluation des productions de cette année.
Leila Bourogaa a estimé qu’il fallait opter pour des mini-séries au lieu de feuilletons de trente épisodes. Ceci permet de multiplier les productions.
Par ailleurs, elle a considéré que le feuilleton Baraa a levé le voile sur un problème. L’article 18 du Code du statut personnel doit être révisé car il n’est pas dissuasif puisqu’il condamne celui qui se marie de la sorte à un an de prison assorti d’une amende. C’est donc un moyen qui permet de lancer le débat et d’entamer des réformes.
La journaliste a expliqué que le feuilleton El Harka a touché un paradoxe en Tunisie. «En quittant le pays, nos compatriotes dénoncent le racisme mais l’arrivée de subsahariens en masse en Tunisie a confirmé qu’il y a aussi du racisme en Tunisie».
L’acteur Hichem Rostom a assuré de son côté que les formats utilisés en Tunisie sont caduc. Depuis trente ans nous avons le même menu au mois de Ramdan. La programmation dans les télés ne change pas. Il faut revoir comment produire pour sortir de la crise».
Hichem Rostom, a assuré que le désistement des publicitaires a causé par exemple la fin de Tej El Hadhra qui aurait pu continuer dans une deuxième ou une troisième saison, a expliqué l’acteur.
Il a noté aussi que durant des années, une série de téléfilms a été réalisée sur décision d’un des directeurs de la télé nationale. Il y avait une stratégie à l’époque qui n'existait plus actuellement, a déploré l’acteur.
Dans un autre contexte, l’invité de Hédi dans Romdhane Show a noté que Sami Fehri et Lassaad Oueslati ont levé des tabous et ils ont réussi à susciter des réactions au niveau des plus grandes sphères du pouvoir. "En Tunisie nous avons des lois qui ne sont pas appliquées et d’autres qui sont bizarres. Mais d’un autre côté nous nous heurtons au problème qui se pose chaque année au mois de Ramadan. Pour moi il fallait travailler sur la comédie pour divertir les téléspectateurs au lieu de travailler sur les fictions qui exposent des sujets tragiques".
Le réalisateur et membre du jury Amine Boukhris a expliqué de son côté que depuis des années, c’était uniquement la télévision nationale qui produisait des fictions à l’occasion du mois de Ramadan. L’arrivée des chaînes privées a ouvert un peu le marché mais avec un lot de problèmes liés au financement et à la publicité. Néjib Ayed a été durant des années l’unique producteur pour la télévision nationale et ceci a coûté cher pour lui.
Dans un autre contexte, le réalisateur a estimé qu’il est favorable pour le travail sur tous les thèmes possibles et imaginables dans les fictions. «Pour Baraa il n’y a pas d' apologie avec le mariage coutumier. Mais d’un autre côté le réalisateur ne peut pas être poursuivi et interrogé sur ses choix».
Slim Sanhaji, a estimé de son côté que la crise de production est causée par l’étalage anarchique exercé dans nos télévisions. «Chaque chaîne attend le financement et la publicité pour produire. Il n’y a pas de chaînes bien structurées et qui travaillent cinq ou six ans sans attendre la publicité».
Pour les thèmes, Slim Sanhaji a estimé aussi qu’il n’y a aucun tabou et que tous les sujets sont à traiter dans les fictions, dans la rue et avec nos responsables.
Le metteur en scène a critiqué le choix de l’Etablissement de la télévision nationale qui a choisi de diffuser d'anciennes séries et fictions. "L’absence de stratégie a mené à l’échec pour les nouveaux produits de la télévision nationale", a encore noté Sanhaji.